Disons d'emblée que le propos de l'auteur est de démolir tout un pan de la doctrine française de la guerre froide, celui touchant au corps blindé mécanisé. Les officiers de réserve de ma génération et ceux d'avant savent ce qu'était cette énorme machine de guerre, fleuron de l'armée de terre: le corps blindé mécanisé, avec ses 7 divisions blindées (au maximum), ses éléments organiques de corps d'armée et d'armée... Bref, du lourd, comme on dirait de nos jours.
Pour en revenir à l'ouvrage en question, disons que son auteur préconise de ne plus chercher la bataille décisive (concept clausewitzien de prime abord), mais d'user l'adversaire par un maillage d'unité légères et très autonomes. Pour être concis, ces unités auraient été constituées de:
- bataillons d'infanterie motorisée bien pourvus en missiles antichars, employés de manière décentralisée au niveau compagnie.
- patrouilles d'hélicoptères antichars et anti-personnels.
- régiments de chars agissant dans des intervalles, en particulier pour des contre-attaques visant à causer des pertes maximales à l'adversaire.
Le dispositif aurait été complété par des forces d'intervention projetables (les 8 régiments parachutistes de l'époque).
L'originalité de la pensée de l'auteur m'a beaucoup intéressé et j'ai fait quelques rapprochements (hasardeux?) avec des phénomènes qui se sont produits ou se produisent maintenant:
- la non bataille, c'est finalement la guerre que nous menons en Afghanistan. Rien n'est décisif mais tout compte. La décision finale restera au plus endurant, et non à celui qui aura remporté la bataille la plus importante (d'ailleurs, y en aura-t-il une ?).
- les forces d'intervention, car finalement aujourd'hui c'est l'ensemble de l'armée de terre qui est devenue une force d'intervention.
- la disparition du corps blindé mécanisé, car aujourd'hui, il n'en reste plus que nos deux brigades de décision.
- la baisse des coût, le système proposé par le commandant Brossollet ressemble avant l'heure à une armée "low-cost". Il réfute le tout technologique, mais puise dans la technologie ce qui sert à l'atteinte de l'objectif poursuivi.
Il en reste un petit ouvrage (130 pages), original, intéressant, facile à lire car écrit dans un style très clair et particulièrement édifiant.
Bonne lecture à ceux qui pourront se le procurer.
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