BIENVENUE

Ce blog est un espace de liberté destiné à ceux qui souhaitent exprimer leurs idées sur la participation des réservistes à la défense de la France et de l'Europe. Ces idées peuvent être générales ou très concrètes. J'écrirai sur des sujets comme l'emploi des unités de réserve (UIR et USR), la tactique, la défense du territoire.
Toutes les idées sont donc les bienvenues, à la condition qu'elles respectent les valeurs fondamentales des armées de la république: neutralité politique, religieuse et tolérance. Il est de plus bien évident que le respect, la correction des propos sont de rigueur dans les commentaires.
Pour être plus clair, les bloggeurs qui souhaitent perpétuer des guerres de boutons au delà de la plaisanterie de popote (fantassins contre cavaliers, terriens contre aviateurs etc.), les tenants de la lutte des classes militaires (les militaires du rangs contre les sous-officiers, les sous-officiers contre les officiers), les militaires d'active qui n'aiment pas les réservistes et vice-versa, les antimilitaristes primaires, sont invités à passer leur chemin.
De toute manière, les commentaires n'apparaissent qu'après modération.

dimanche 27 décembre 2009

LECTURES...

Comme j'ai délaissé mon blog ces derniers mois, je trouve enfin le temps de m'en occuper un peu. Pour reprendre doucement, je vous propose quelques lectures. Rassurez vous, j'évite pour le coup les livres trop ardus. Tous les ouvrages que j'évoque, se lisent facilement, presque "sans faim". Pour autant, l'officier de réserve y trouvera toujours - outre un complément de culture militaire historique - matière à réflexion.

OPERATIONS SPECIALES 20 ANS DE GUERRES SECRETES - COL SASSI - éd. NIMROD
Le COL SASSI fut une figure du 11ème Choc et du GCMA en Indochine. Ce livre de mémoires retrace son parcours, depuis son enfance, son engagement dans l'Armée de l'Air en 1938, son volontariat pour les équipes JEDBURGH, sa formation de commando-parachutiste en Grande Bretagne, sa mission en France occupée (l'encadrement d'un maquis dans la Drôme), l'après guerre au 11ème Choc, et surtout l'Indochine. L'auteur faisait alors partie du GCMA, où il était chargé d'encadrer des maquis de partisans méos dans la région du TRANNINH. Peu avant la chute de DIEN BIEN PHU, à la tête de quelques centaines de partisans, il tentera vainement de briser l'encerclement Viet pour permettre à ce qui restait de la garnison de se replier sur le LAOS. L'ouvrage est passionnant, de part la personnalité de l'auteur, mais aussi à cause de son expérience des opérations non conventionnelles sur les arrières.

L'HONNEUR DE LA GUERRE - COL DEODAT DE PUY MONTBRUN - éd. ALBIN MICHEL
Là encore, l'auteur est une figure de notre armée. Engagé au 2ème Hussards peu avant 1939, il sera un résistant de la première heure, affecté à la fin de la guerre à la DGER, il rejoindra le 11ème Choc puis l'Indochine. Il y servira comme aide de camp du Général DE LATTRE, au GCMA et au 8ème Choc. En Algérie, il fut un pionnier de l'ALAT et de l'emploi des hélicoptères. Ce livre n'est pas seulement une autobiographie, même si l'auteur y dévoile une partie de sa carrière. Le récit, bien que chronologique, comporte de nombreuses digressions et l'on sent bien que l'auteur garde le silence sur certains évènements. C'est aussi et même surtout un message, sur la guerre en général et sur celles que l'auteur à connues. Une large place est faite à la guerre d'Algérie et à l'attitude de l'armée dans ce conflit par rapport aux atrocités commises par le FLN. Une belle leçon d'humanité et d'espoir. Voici ce qu'écrit l'auteur dans sa postface: "A nos jeunes camarades de l'armée, je souhaite cette volonté, cette illusion généreuse qui permet d'espérer contre tout espoir et de réussir contre toute attente".

LIEUTENANT DE PANZERS - A. VON KAGENECK - éd. PERRIN
Cet ouvrage n'est pas récent puisqu'il fut publié en 1968. L'auteur, fils d'un général de l'armée du Kaiser GUILLAUME II, y raconte son enfance, l'avènement du nazisme, puis sa guerre comme lieutenant dans des unités de cavalerie légère blindée. August Von Kageneck fut, après la guerre, correspondant en France du journal "Die Welt". Ceux qui se souviennent de l'émission de l'historien Marc FERRO sur ARTE au début des années 90, dans laquelle il commentait semaine après semaine les actualités cinématographiques de la guerre,  ont certainement le souvenir d'August Von Kageneck qui intervenait fréquemment pour commenter les actualités allemandes. Ce livre est très intéressant car il permet de comprendre en partie le pourquoi et le comment de l'acceptation du nazisme par le peuple allemand, ainsi que l'évolution des mentalités (notamment dans la Wehrmacht) au fil des victoires et des défaites.

DE L'AUTRE COTE DE L'EAU - GCA (2S) DE LA MOTTE - éd. TALLANDIER
Si vous ne lisez qu'un seul livre, lisez celui-là. C'est réellement passionnant. L'auteur, bien qu'ayant fait une brillante carrière militaire (C1 du 12ème CUIRS, commandant de l'EAABC, commandant de la IVème région militaire), y raconte dix huit mois de sa vie de lieutenant en Indochine. De son propre aveu, c'est la période la plus marquante de sa carrière. La période couverte par le récit est celle durant laquelle l'auteur a commandé un commando de partisans vietnamiens. Le lecteur comprend très vite pourquoi: l'auteur devient très vite une sorte de roi, menant sa propre guerre dans son sous-secteur. Le tout est raconté avec une humilité assez extraordinaire, et c'est ce qui permet de comprendre le cheminement de cet officier confronté à des situations peu ordinaires. Il décrit avec franchise ses erreurs, ses balbutiements du début, donnant ainsi un incroyable sentiment de véracité au récit. Sur un plan tactique, l'ouvrage fait la démonstration que la mission de contrôle de zone est d'abord une action dynamique basée sur le renseignement; on perçoit en effet très nettement l'inefficacité d'un quelconque dispositif statique.


Bonnes lectures......


dimanche 29 mars 2009

LE DEVENIR DU CORPS DES ORSEM (actualisé)

Pour les lecteurs non spécialistes, ORSEM signifie Officier de Réserve Spécialiste d'Etat Major. C'est le plus haut niveau de "compétence militaire" que peut obtenir un officier de la réserve opérationnelle actuellement (hors ex-active breveté). Ce corps a été crée en 1899, et l'on compte parmi ses membres un nombre non négligeable de grandes figures: le Colonel Touny (qui dirigea l'OCM), le Capitaine Marc Bloch (l'historien médiéviste). Les ORSEM sont recrutés sur concours, parmi les lieutenants ayant plus de trois ans de grade, les capitaines et plus...

Bref, mon propos n'était pas de faire le genèse de ce corps prestigieux quoique méconnu, mais plutôt de m'inquiéter de son devenir. Etant moi-même ORSEM, le sujet me préoccupe naturellement.

Mon camarade et ami le Capitaine G. a passé hier l'écrit d'admissibilité dudit concours. Sur quelque 80 candidats inscrits, ils ont été 76 à passer les épreuves. En 1996, ma promotion comptait à peu près 120 officiers élèves. Sachant que le taux de sélection était de l'ordre de 50 %, cela signifie qu'environ 240 candidats avaient concouru ! 70 % de candidats en moins en l'espace de 13 ans. Il y a me semble-t-il quelques motifs d'inquiétude.

Mon billet, malheureusement, pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Situons le problème: ces nouveaux ORSEM sont pour la plupart les officiers supérieurs de réserve de demain. Ils seront les commandants, les lieutenant-colonels et les colonels qui constitueront les indispensables compléments opérationnels de nos états majors et postes de commandement du niveau régimentaire jusqu'au niveau corps d'armée et plus. Ils seront aussi, dans une large mesure les piliers et les "référents" du corps des officiers de réserve. C'est dire si l'enjeu est d'importance.

Alors pourquoi cette désaffection ?

Il me semble que la réforme des armées, en particulier de l'Armée de Terre y est pour beaucoup. Pour la plupart des réservistes servant dans des régiments qui déménagent ou qui sont appelés à disparaître, le futur n'est rien moins qu'obscur. Bien que le CEMAT ait promis que personne ne serait laissé sur le bord du chemin, et que rien pour l'instant ne permet de mettre en doute sa parole, les réservistes concernés ne voient que des solutions taillées à la hache et pour tout dire peu réalistes. Suivre son régiment qui part à 400 km de son domicile ne me semble pas une solution d'un grand bon sens, mais si l'on ne vous propose rien d'autre... Va pour la route ! Je pense que ces transformations génèrent une incertitude sur le futur qui n'incite pas les jeunes officiers à préparer, passer un concours sélectif et à suivre un stage durant leurs congés.

Par ailleurs, la politique de gestion des ressources humaines "réserve", de l'Armée de Terre, visant directement le "dégagement des cadres" d'officiers supérieurs estimés en surnombre, n'est pas plus de nature à rassurer les candidats. Pourquoi investir dans une formation très prenante, à priori nécessaire pour accéder au grade de commandant, pour se voire remercié après quelques années, parce que considéré comme commandant trop ancien ou lieutenant-colonel trop gradé. L'Armée de Terre devra choisir: ceux qui font l'effort d'accepter un parcours contraignant, et qui poursuivent leurs activités doivent être récompensés et au moins accéder à une "carrière longue" et à des postes motivants !

En tout état de cause, les ORSEM, dont je suis, doivent continuer à tenter d'attirer les jeunes officiers vers cette formation, et les intégrer pleinement dans ce corps, qui j'en suis convaincu, n'a pas terminé d'être utile au succès des armes de la France.

vendredi 20 février 2009

ENTRAINEMENT A LA TACTIQUE

En octobre 2008, l'armée de terre a lancé l'expérimentation d'un logiciel de simulation tactique destiné au perfectionnement et à l'entraînement des cadres (commandants d'unité, officiers servant en BOI, en EM de brigade).

Ce logiciel, dénommé SCALPED est destiné a être installé sur un PC et il fonctionne en mode isolé comme en réseau. Il est facile d'emploi, mais nécessite une phase d'apprentissage à l'aide du didacticiel joint. C'est un outil particulièrement intéressant pour les réservistes (en particulier pour les ORSEM), auxquels il permet un entraînement à leur rythme. Sans compenser les séances de perfectionnement des ORSEM du passé, avec leurs dossiers tactiques, il s'agit d'un moyen de formation très intéressant.

Il est donc très important que l'expérimentation se conclue sur un succès et débouche sur quelque chose de pérenne. Actuellement, l'expérimentation est poursuivie jusqu'àu mois de juillet 2009 et la version 1.0.2 est téléchargeable. Cette version comprend les didacticiels NRBC et logistique, ainsi que deux nouveaux scénarios.

Pour télécharger le logiciel (attention, pour les réservistes sous ESR seulement...), prendre contact avec votre BOI (pour ceux qui servent en régiment) ou avec votre unité d'affectation, pour récupérer le mot de passe (disponible sur Intraterre) permettant de vous inscrire sur le site SCALPED (https://www.scalped.fr). Avec ce mot de passe, vous vous inscrivez en tant qu'utilisateur en choisissant pseudo et mot de passe et vous pourrez alors télécharger SCALPED et l'installer sur votre PC. Une fois inscrit, vous aurez accès au forum, et aux nouvelles versions.

Bons entraînements !

mardi 3 février 2009

LES UIR PROTERRE: UN CONCEPT A REVOIR ?

Je mets en ligne, ci dessous, un article signé de ma main, que les cahiers du CESAT (collège d'enseignement supérieur de l'Armée de Terre) me font l'honneur de publier dans leur numéro 15, qui vient de paraître.

Les Unités d’Intervention de Réserve (UIR) ont été crées il y a plus de 10 ans sous le vocable d’Unités de Réserve de Régiment Professionnel (URRP). Constituées à l’origine de trois sections de combat et d’une section de commandement armées par du personnel sous ESR, elles ont évolué vers une structure à deux sections de combat et une section de commandement formées par des personnels sous ESR, plus deux sections de combat dont les personnels sont des « disponibles ». Dans le même temps, les sections de combat ont perdu leurs armes collectives et une partie de leurs véhicules.
Par ailleurs, l’apparition du concept PROTERRE, en créant une structure d’unité élémentaire à deux sections, a provoqué une confusion entre la structure organique des UIR et celle des UE PROTERRE. Cet état de fait, dû peut-être à la prééminence des engagements en OPINT (VIGIPIRATE) tend à centrer l’entraînement des UIR sur le format PROTERRE. Or, cette dérive cause une diminution des capacités et des savoirs faire des unités de réserve, alors même que le durcissement des conflits dans lesquels nos forces sont engagées et la baisse des effectifs devraient inciter à maximiser les capacités des UIR.
En la matière, si l’état des lieux ne semble guère reluisant, il n’en reste pas moins que des solutions sont à notre portée et doivent être mises en œuvre.

L’EMPLOI CONTRAINT AU FORMAT PROTERRE
Deux des quatre sections de combat des UIR sont formées de personnels soumis à l’obligation de disponibilité. Force est de constater que ces deux sections ne sont jamais entraînées.
La réglementation actuelle, en limitant les possibilités d’activité de ces sections à cinq jours par période de cinq ans y est pour beaucoup. Pourtant, ces personnels disponibles, non obligatoirement issus du régiment où ils sont affectés, ne se connaissant à priori pas, auraient besoin d’un entraînement adapté pour pouvoir être engagés rapidement avec les autres personnels de l’UIR.
Par ailleurs, l’absence de lien avec leur unité d’appartenance fait craindre qu’en cas de rappel, une partie de l’effectif ne rejoigne pas ou tardivement. L’expérience des convocations verticales des régiments de réserve a démontré qu’il existe toujours un taux de fuite, variable suivant les circonstances et les régions.
Enfin, une fois les effectifs complets, ces sections devraient obligatoirement subir une mise en condition opérationnelle, ne serait ce que pour permettre à chacun de retrouver ses marques et de créer un minimum de lien tactique[i]. On peut, sans s’avancer outre mesure, estimer que ce processus durerait de six à huit semaines.
Par conséquent, il devient évident que les UIR seraient, au moins dans un premier temps, engagées sous un format PROTERRE ou PROTERRE renforcé (avec la section commandement complète).


LES FAIBLESSES DU MODELE PROTERRE
Avec un effectif calculé sur celui de la plus petite unité élémentaire de l’armée de terre, la compagnie PROTERRE souffre de nombreux défauts.
En premier lieu, la réduction à l’extrême de la section de commandement – réduite à moins d’un groupe – interdit toute constitution d’un train de combat. L’unité n’a donc pas d’autonomie logistique, ce qui signifie que soit l’échelon supérieur assure l’essentiel des fonctions du TC1, soit les sections consacrent des moyens pour assurer des tâches logistiques. Dans le premier cas, le glissement de tâches vers le TC2 contraint à augmenter la taille de celui-ci pour assurer l’intégralité de la manœuvre logistique. Dans le second cas, cela implique de désengager périodiquement une section pour effectuer les recomplètements. En finale, les deux solutions limitent l’autonomie de l’unité PROTERRE.
En deuxième lieu, le commandant d’unité n’ayant pas d’adjoint, la permanence du commandement ne peut être assurée sur la durée. L’unité PROTERRE ne peut donc pas assurer de missions dont la durée ou le rythme dépasseraient la capacité de durer du seul commandant d’unité. Là encore, cette contrainte limite les possibilités d’emploi de l’unité.
En troisième lieu, on relève que l’unité PROTERRE ne dispose d’aucun armement collectif, bien que la notice sur l’entraînement des unités PROTERRE précise qu’elle peut en être dotée en fonction des circonstances. Pour autant, ce type d’armes ne figurant pas au DUO, la tendance est de ne plus s’entraîner à les mettre en œuvre et à les employer. Or, une dotation en armes collectives – ANF1 et LRAC ou AT4 – permettrait de compenser en partie le faible effectif des unités PROTERRE.
En quatrième lieu se pose le problème des véhicules : les sections d’une UIR ne disposent que de deux TRM 2000 pour trois groupes. Cette dotation indigente, outre le fait que la camionnette tactique n’assure aucune protection aux personnels, fait peser une contrainte démesurée sur la mobilité des sections. Du coup, le commandant d’unité se voit contraint de créer un échelon de transport et de déplacer ses sections une par une.
En dernier lieu, la compagnie PROTERRE n’est composée que de deux sections, défaut majeur qui réduit de manière très conséquente les options tactiques offertes au capitaine. En effet, avec deux sous-unités, le commandant d’unité est réduit à un rôle de coordinateur [ii]. Il se retrouve face à un choix binaire : soit engager ses deux sections et se passer pratiquement d’élément d’intervention (sauf à jouer sur l’articulation, mais l’élément en réserve sera de faible volume), soit engager une seule section et conserver l’autre en soutien[iii]. Ce faible nombre de possibilités de base limite la capacité d’adaptation des unités PROTERRE et ce phénomène semble ne déranger personne. On peut noter à ce sujet que les rédacteurs de la notice sur l’instruction des unités PROTERRE ont éludé le problème en proposant, au chapitre sur le combat de la compagnie, aux commandants d’unités de se reporter au combat de la section, laquelle est constituée de trois groupes !


VERS DES SOLUTIONS
Malgré ce bilan peu satisfaisant, il est possible de compenser, au moins partiellement, les défauts cités supra.
Toutes les solutions immédiatement à portée de tout capitaine commandant une UIR ont pour objectif la rentabilisation maximale des moyens existants. A ce titre, toutes les mesures de nature à atteindre cet objectif reposent sur deux piliers : l’entraînement et le choix de l’articulation.
Un des buts principaux de l’entraînement doit être d’une part de permettre aux chefs de laisser à leurs subordonnés une marge d’initiative suffisante et d’autre part d’apprendre à ces derniers à l’utiliser au profit de la réalisation de la mission.
Précisément, il s’agit d’abord de développer les compétences tactiques des cadres (commandant d’unité, officier adjoint, chefs de section et SOA, chefs de groupe) en combinant des exercices en salle – thèmes tactiques, logiciels de simulation, caisse à sable – et sur le terrain. Pour ce qui est du commandant d’unité, ces séances doivent, entre autres choses, lui donner l’habitude de manipuler un nombre variable de sections, afin de conserver ou d’acquérir la capacité à manœuvrer plus de deux sections.
Simultanément, il faut développer un lien tactique fort entre chaque chef et ses subordonnés. Ce lien, qui ne s’acquiert qu’au fil d’un long travail commun est le corollaire de la confiance qui doit exister entre chaque membre de l’unité. C’est ce lien qui permet à un subordonné – chef de section ou chef de groupe – de réagir rapidement dans le sens de l’intention du chef à une situation inopinée. C’est donc un élément clé de la capacité d’adaptation de l’unité. C’est aussi ce qui permet au chef de laisser à ses subordonnés une autonomie de plus en plus indispensable.
Par ailleurs, et toujours dans le cadre de la rentabilisation des moyens, un effort particulier est à faire en faveur de l’entraînement des groupes de combat, afin de les amener à un degré d’autonomie peu pratiqué jusqu’ici.
Pour ce faire, les activités doivent mettre l’accent sur le combat du groupe, le tir (l’ISTC), l’aguerrissement et la rusticité. De plus, il est nécessaire d’entraîner les groupes de combat à la mise en œuvre et à l’emploi des armes collectives disponibles : ANF1, LRAC, mitrailleuse de .50. En tout état de cause, et malgré les difficultés liées à l’irrégularité de la présence de certains personnels, le perfectionnement des groupes de combat des UIR doit être une priorité absolue du commandant d’unité[iv].
L’articulation est – rappelons le – fixée par le commandant d’unité pour adapter son unité à la manœuvre qu’il envisage. Une vieille habitude veut que l’on utilise l’articulation organique, ce qui simplifie les choses dès lors que l’unité dispose de suffisamment de pions (trois ou quatre). Malheureusement, les UIR PROTERRE ne sont pas dans ce cas. Or, ne pas se contenter de l’articulation organique, c’est ouvrir de nouvelles possibilités tactiques.
Et ce tout d’abord dans le domaine du soutien logistique. En la matière, il paraît indispensable de disposer d’un TC1 suffisamment bien calibré pour que l’unité dispose d’une autonomie suffisante. Chaque UIR disposant d’une section de commandement sous ESR, il faut par conséquent systématiquement inclure cette section au DUO « opérationnel » de l’UIR[v].
Ensuite dans le domaine du commandement. Comme toute unité élémentaire, les UIR disposent d’un officier adjoint. Nonobstant la structure PROTERRE, cet officier doit être engagé avec son unité, tant il est partie prenante de la capacité de commandement. Car sans adjoint au commandant d’unité, il ne peut y avoir de permanence du commandement, donc pas d’engagement sur un mode continu, sauf au prix d’une « combustion » rapide du capitaine.
Enfin en ce qui concerne l’articulation des sections de combat. En cherchant à adapter son outil aux circonstances, le commandant d’unité peut être amené à créer une troisième sous-unité. Par exemple, en retirant 1 groupe à chaque section – ce nouveau pion étant placé aux ordres d’un SOA, ou bien en coupant une section en deux, ou bien encore en retirant des trinômes à chaque section. Même si toutes ces formules ne remplacent pas une troisième section, elles peuvent permettre de disposer momentanément d’un élément de couverture, d’appui ou de recueil. Si l’unité dispose d’armes collectives, les possibilités sont plus nombreuses, allant de la constitution d’une base de feux en rassemblant au sein d’une nouvelle sous-unité tout ou partie des ANF1, à la création d’une entité anti-véhicule ou anti-blockhaus sur la base des LRAC. Dans le même ordre d’idées, on peut envisager aussi le regroupement des meilleurs tireurs au sein d’un groupe chargé d’une action particulière. En bref, il s’agit d’adapter des moyens réduits aux nécessités de la mission pour en tirer la meilleure efficacité.
Toutefois, quelque soit la créativité des commandants d’unité d’UIR, l’exercice aura tôt ou tard ses limites. C’est pourquoi l’effort de rentabilisation des moyens ne doit pas nous dispenser d’une réflexion sur la structure des UIR, leurs moyens et leur doctrine d’emploi.


QUELQUES PERSPECTIVES
Compte tenu du contexte actuel de restructuration de l’armée de terre, il semble difficile de pouvoir échapper à une remise en question des structures des UIR.
Dans ce cadre, il serait envisageable de constituer des UIR à trois ou quatre sections de combat formées de personnels sous ESR. De ce fait, ces unités pourraient être engagées sous un préavis assez court. De plus, ces unités élémentaires de réserve pourraient plus facilement qu’aujourd’hui mettre sur pied une unité PROTERRE standard, pour des engagements de type VIGIPIRATE.
Par ailleurs, les disponibles pourraient être affectés à des UIR de « deuxième réserve », opérationnelles après une mise en condition plus longue.
Ainsi, il serait possible de mettre sur pied 40 à 50 UIR de première réserve et un nombre égal d’unités de deuxième réserve. Les deux types d’unités étant de même pied et disposant de capacités valables.
En complément, il sera nécessaire de revoir l’équipement des UIR en adéquation avec des hypothèses d’emploi élargies pour anticiper les engagements futurs. Revoir les dotations en armes collectives, en moyens de transmission, en véhicules – en dotant par exemple les UIR de VAB – est un exercice qu’il faudra faire sans trop tarder.
Au-delà, l’armée de terre doit entamer une réflexion sur la doctrine d’emploi des unités de réserve, sans se limiter aux OPINT de type VIGIPIRATE, pour prendre en compte l’éventualité d’engagements plus durs.
Dans ce chantier qui s’annonce, les officiers de réserve doivent prendre toute leur place, faire part de leurs idées et de leurs expériences, afin d’arriver à des solutions optimales, dans l’intérêt de la défense de la France.




[i] Sur la notion de lien tactique, voir l’ouvrage de G. HUBIN, Perspectives tactiques
[ii] Cf. Tactique Théorique, M. YAKOVLEFF
[iii] Dans le sens de la définition donnée par M. YAKOVLEFF, « être en mesure d’appuyer ou de prendre le combat à son compte »
[iv] Aidé et soutenu par le BOI, c’est indispensable.
[v] Bien entendu, cette remarque ne vise pas les OPINT de type VIGIPIRATE.

vendredi 9 janvier 2009

LECTURES

J'ai décidé de ne pas vous asséner des voeux supplémentaires, de toute manière, les choses seront en 2009 ce que nous en ferons....
A la place, je vous propose quelques idées de lecture.

Commencons par un ouvrage d'histoire militaire: la campagne de Birmanie (1942-1945), l'armée des indes défait les japonais, par le général (2S) LESOUEF aux éditions économica. Ce livre apporte un éclairage intéressant sur la campagne de Birmanie, quelque peu méconnue. Or, elle est instructive à plus d'un titre:
- elle révèle la capacité d'adaptation de l'armée britannique, sa remise en cause, son pragmatisme et son inventivité.
- par une sorte d'effet miroir, elle montre l'incapacité des japonais à adapter leur plan d'opération et à réagir à l'imprévu.
- elle met en lumière la personnalité du Field Marshall SLIM, peu connu en Europe, et qui fut pourtant un général anglais de premier plan, à mon sens bien meilleur que Montgomery.
- elle est un exemple d'opérations sur les arrières ennemis, en particulier avec les raids du général WINGATE, manoeuvres basées sur la création de bases aéroterrestres.
Le seul reproche que je ferais à ce livre, c'est qu'il passe un peu vite sur les opérations imaginées et dirigées par le général Wingate.

Dans, un tout autre registre, le dictionnaire de géographie militaire, de Paul-David Régnier aux éditions du CNRS. Cet ouvrage explicite de nombreux aspects peu connus (ou plutôt peu vulgarisés) de la géographie militaire: économie, social, les flux et j'en passe. Et ce en restant assez synthétique et clair. Parfois déroutant, pour l'ORSEM que je suis, rodé aux synthèses terrain basées sur l'étude des cartes, mais ouvrant de nouvelles perspectives pour élargir le champs de nos analyses habituelles. Les sapeurs seront moins surpris, car le "rens milieu" est leur fond de commerce, et ils trouveront - comme je l'ai fait - des points communs.

Enfin et pour finir, je voudrais vous signaler deux très bons articles écrits par des réservistes et publiés dans le numéro 14 des cahiers du CESAT (http://www.cesat.terre.defense.gouv.fr/). L'un écrit par le CV LACCOURS, évoque la problématique de l'augmentation de nos moyens navals de projection (BPC et TCD).
L'autre, est signé du COL BON, ORSEM affecté au GIACM, et traite des opérations civilo-militaires. Il dresse un tableau exhaustif, basé sur les expériences de l'auteur en OPEX, et formule des propositions particulièrement intéressantes et pragmatiques.

Bonne lecture à tous....