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Ce blog est un espace de liberté destiné à ceux qui souhaitent exprimer leurs idées sur la participation des réservistes à la défense de la France et de l'Europe. Ces idées peuvent être générales ou très concrètes. J'écrirai sur des sujets comme l'emploi des unités de réserve (UIR et USR), la tactique, la défense du territoire.
Toutes les idées sont donc les bienvenues, à la condition qu'elles respectent les valeurs fondamentales des armées de la république: neutralité politique, religieuse et tolérance. Il est de plus bien évident que le respect, la correction des propos sont de rigueur dans les commentaires.
Pour être plus clair, les bloggeurs qui souhaitent perpétuer des guerres de boutons au delà de la plaisanterie de popote (fantassins contre cavaliers, terriens contre aviateurs etc.), les tenants de la lutte des classes militaires (les militaires du rangs contre les sous-officiers, les sous-officiers contre les officiers), les militaires d'active qui n'aiment pas les réservistes et vice-versa, les antimilitaristes primaires, sont invités à passer leur chemin.
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mardi 11 novembre 2008

11 NOVEMBRE

Ce jour du 90ème anniversaire de la fin des combats de la 1ère guerre mondiale me donne l'occasion de revenir sur ce qui fut à la fois un conflit marquant par sa brutalité et par sa pauvreté tactique. Quelles leçons pouvons nous en retenir ?



D'abord, et tout naturellement, je ne peux que rendre hommage aux combattants français, et surtout aux officiers de réserve, nos grands anciens, qui constituèrent la moitié des chefs de section et des commandants d'unité. Certes, tout a été déjà dit, et le discours du président de la République à Douaumont ce matin a souligné l'essentiel. Toutefois, il me semble important de dégager quelques qualités fondamentales dont nos soldats de 14-18 ont fait preuve.


A mon sens, elles sont au nombre de 4: l'endurance (dans le sens de la capacité à endurer des épreuves), la conscience professionnelle, la solidarité, le courage. L'endurance, car ils ont supporté à la fois des conditions de vie et de combat que probablement nous ne supporterions pas aujourd'hui. On peut bien entendu expliquer cela par la rudesse de la vie dans les campagnes d'avant 1914, mais ils n'en reste pas moins que la manière dont ils ont résisté à des conditions de vie terribles est et doit rester un modèle pour nous.


La conscience professionnelle car je suis convaincu qu'ouvriers, instituteurs, paysans, ont accompli leur tâche de soldats aussi bien qu'ils auraient réalisé leur travail quotidien. Ils nous ont montré qu'un bon soldat n'est pas "Rambo", mais que c'est un bon professionnel, qui a le souci de bien faire et d'exécuter sa mission.


La solidarité car pour tenir, pour combattre dans les conditions qui furent les leurs, pour ne pas perdre toute humanité, c'est la solidarité au sein des groupes et des sections qui a joué. Le fait de savoir que l'on n'est pas seul, que des camarades vous aideront si vous êtes blessé ou en difficulté compte pour beaucoup dans la capacité de résistance d'une unité.


Le courage, non pas celui du téméraire ou du fanfaron, mais le courage qui permet de maîtriser sa peur, car devant le déchaînement de puissance meurtrière qu'ils ont subi, ils ont démontré qu'ils savaient se maîtriser.


Je crois donc que nous devons nous servir de cet évènement pour montrer aux jeunes réservistes opérationnels l'exemple de nos anciens et la voie à suivre pour bien servir: endurance, conscience professionnelle, solidarité, courage.



Enfin, je reviens sur la pauvreté tactique de ce conflit, car en effet, peu de batailles font l'objet d'études tactiques, hormis celles de 1914 (Batailles de Guise et de la Marne) et de l'été 1918 (contre offensive française et offensive sur le front d'orient). Sans vouloir en faire une analyse fine, il me semble qu'au moins du côté français (et le sujet mériterait d'être étudié du côté allemand), cette pauvreté tactique a deux causes: le dogme de l'offensive et la difficulté à s'adapter à l'arrivée de techniques nouvelles.


On a déjà beaucoup écrit sur le principe de l'offensive à tout prix, qui en remplaçant la réflexion (mais c'est là bien naturel, l'esprit humain étant porté à la paresse, proposez lui une solution toute faite et il s'en contentera) par un principe à appliquer en permanence a stérilisé le débat tactique au sein de l'armée. Et les effets ont été, à mon avis, particulièrement dévastateurs aux petits échelons (section, compagnie, régiment). Fort heureusement, les maréchaux Foch et Pétain, par exemple, ont pu - l'un au cours du conflit, l'autre déjà avant - s'extraire de cette doctrine. Il faut principalement en retenir que nous devons rejeter toute solution tactique unique qui s'appliquerait partout. Il faut, au contraire, favoriser la réflexion, basée certes sur les fondamentaux de la doctrine mais aussi nourrie par l'instruction et l'entraînement. C'est cela et seulement cela qui nous permettra de nous adapter en trouvant des solutions pragmatiques.


Le premier conflit mondial a vu en quatre ans, la mise en application de nombreux développements techniques: aviation, gaz de combat, char d'assaut, lance flammes et bien d'autres. Or, chaque nouvelle arme modifie la physionomie du combat et nous oblige à adapter nos procédés et nos tactiques. Il me semble qu'entre 1914 et 1918, nous avons eu du mal à trouver des réponses aux problèmes posés par les armes nouvelles de notre adversaire. Ainsi, il a fallu du temps pour mettre en service des masques à gaz efficaces, pour reconstituer des batteries d'artillerie lourde qui nous faisaient défaut. Pour autant, nous avons nous aussi utilisé des armes nouvelles, mais je trouve que les allemands ont trouvé plus rapidement des parades, sans forcément que celles ci soient efficaces (premier fusil antichar en 1918). La leçon à retenir pourrait être la suivante: tout armement nouveau doit nous amener à étudier son impact éventuel sur nos procédés tactiques.



Chaque conflit nous livre son lot d'expériences à retenir: la première guerre mondiale est un sujet d'étude intéressant pour nos réservistes justement parce qu'elle est ancrée dans les mémoires.