Sans vouloir ajouter aux nombreux commentaires qui ont suivi l'embuscade d'UZBIN, qu'ils soient pertinents ou complètement ineptes, je voudrais évoquer quelques points qui me semblent fondamentaux dans ce combat.
En premier lieu, il est important d'insister sur le fait qu'une embuscade convenablement montée est généralement meurtrière pour le défenseur. C'est le but recherché par l'attaquant. Comment pourrait-il en être autrement d'un procédé de combat offensif qui vise essentiellement à surprendre l'ennemi (la troupe au contact, mais aussi et surtout celui qui la commande) ? En l'occurence, je trouve que la section du 8ème RPIMA prise dans l'embuscade à fait de son mieux et a réussi à limiter les pertes. L'entraînement que ces soldats ont eu n'y est pas étranger. D'où l'intérêt de s'entraîner de façon réaliste, par un drill sans cesse renouvelé.
En deuxième lieu, et contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, la reconnaissance à pied des points particuliers est une des règles de base de l'infanterie. C'est gravé dans le marbre, à tel point qu'autrefois tous les élèves officiers de réserve, quelque soit leur arme, apprenaient cela. Le chef de section n'a pas dérogé, et faisant ce qu'il devait faire, il a sauvé une partie de sa section. Ceux qui ne sont pas convaincus pourront toujours imaginer les dégâts qu'aurait produit la même embuscade contre une section embarquée dans ses quatre VAB ! Vraisemblablement, la section aurait été presqu'entièrement anéantie.
En troisième lieu, il faut souligner le fait que la section du 8ème RPIMA faisait partie d'une unité de marche, composée outre une section du RMT, de deux section afghanes. Comment ne pas imaginer les problèmes qui ne peuvent manquer d'émerger, à commencer par l'obstacle de la langue ? Comment parler de lien tactique (notion développée par le GBR(2S) HUBIN dans son ouvrage "Perspectives Tactiques" aux éditions Economica) au sein d'une telle unité de circonstance ? Evidemment, une unité de marche ne peut être aussi performante qu'une unité organique (comme l'a signalé le Général SCHMITT lors d'une interview), dont les personnels se connaissent et ont l'habitude de s'entraîner ensemble. On a d'ailleurs étonnament peu parlé du commandement de cette unité: qui en était le chef, avait-il été choisi peu avant la mission, et placé à la tête d'une troupe qu'il connaissait pas ou peu ? Si tel est le cas, je n'aurai pas aimé être à sa place.
Enfin, il est impossible de passer à côté du rôle essentiel des appuis. Comme on a pu le constater, pour venir en aide à la section fixée par les talibans, il a été nécessaire de faire intervenir des appuis aériens (CAS) et mortiers. S'agissant de ces derniers, la compagnie engagée n'en disposait pas et elle a donc du attendre l'intervention d'une section de mortiers. C'est dommageable, alors que l'unité aurait dû disposer d'un appui mortier à la disposition du commandant d'unité, donc en mesure d'intervenir sans délai. Tout commandant d'unité, fût-il de réserve, doit savoir manoeuvrer avec des appuis, quels qu'ils soient.
Je terminerai par quelques règles à l'usage des personnels des UIR (et des compléments individuels de réserve). Ces règles m'ont été inspirées par un article paru sur le blog de l'OMLT 3 (le blog de Merlin
http://omlt3-kdk3.over-blog.com/). Je remercie d'ailleurs au passage le camarade qui a écrit cet article.
- Je maîtrise la mise en oeuvre des postes radio de ma section et de ma compagnie
- Je connais le N° de téléphone portable de mon chef et de mes subordonnés
- Je mets dans ma musette de combat ce qui doit y être, sans rien enlever
- Je porte mon casque quand il le faut, aussi longtemps qu'il faut sans maugréer
- Je connais les 4 rubriques qui composent un compte rendu
- Je suis toujours à l'heure avec 10 minutes d'avance
- J'ai toujours la liaison avec mon groupe
- J'ai toujours la liaison avec mon chef
- Avec ce qu'il y a dans mon sac de vie en campagne, je peux durer
- Je participe à mon niveau à l'élaboration de la manoeuvre
- J'exécute les ordres simples sans chercher à les discuter parce qu'ils ne m'arrangent pas
- Je suis au service de ma compagnie, qui est aussi à mon service. Tous pour un, un pour tous.
- Je ne quitte jamais mon arme
- Je suis propre, en tenue, rasé de près pour faire honneur à ma compagnie et à mon régiment
- De nuit, j'utilise uniquement la lumière rouge ou les JVN
- Je n'ai de cesse de me remettre en question, pour avoir la certitude d'être prêt
- Je sais mettre en oeuvre et piloter les véhicules de ma compagnie
- Je sais servir toutes les armes de mon unité
- Je connais les gestes de premiers secours élargis aux besoins des conflits armés
- La dispersion sur le terrain reste un gage de longévité face aux tirs d'artillerie et de roquettes.
- Je dois accepter les remarques, non qu'elles soient faites pour me blesser, mais pour me faire progresser
- La manoeuvre la plus basique repose sur l'appui, la couverture, le débordement et l'assaut.
JE NE CONNAIS NI LE LIEU NI L'HEURE, MAIS JE FAIS MON POSSIBLE POUR ETRE PRET.